Au-delà de la performance : comment gérer le risque et maîtriser ses émotions en bourse ?
EcoFinance Analytics
10/16/20255 min read
Dans notre précédent article, nous avons démontré par une simulation concrète qu'il était possible de construire des portefeuilles "intelligents" qui surperforment largement le marché. Les résultats étaient sans appel : sur les 12 dernières années, notre portefeuille "Forteresse" (à variance minimale) a battu le MASI la moitié du temps, et notre portefeuille "Moteur Optimal" (à ratio de Sharpe maximal) l'a surclassé plus de 75% du temps.
Disclaimer : Cet article est à but éducatif uniquement. Il ne constitue en aucun cas un conseil en investissement. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La construction de portefeuille est un exercice complexe qui doit être adapté à votre situation personnelle.


Ces chiffres sont impressionnants, mais ils ne racontent que la moitié de l'histoire. Car la véritable supériorité d'un portefeuille bien construit ne se mesure pas seulement en dirhams de gains, mais en nuits de sommeil.
Aujourd'hui, nous allons ouvrir le capot pour explorer la face cachée de l'investissement : la gestion du risque et, par conséquent, la maîtrise de notre pire ennemi, nos propres émotions.


Partie 1 : Le Risque, bien plus qu'un simple chiffre de volatilité
Le premier réflexe pour mesurer le risque est de regarder la volatilité. Comme nous l'avons vu, nos portefeuilles optimisés parviennent déjà à offrir un meilleur couple rendement/volatilité que le benchmark. Mais pour un investisseur, la volatilité est un concept abstrait. Parlons de ce qui fait vraiment mal.
1. L'Indice de la Douleur : Le "Drawdown"
Le "drawdown" est la perte maximale subie par votre portefeuille depuis son dernier plus haut. C'est le chiffre qui vous retourne l'estomac, celui qui vous fait douter de toute votre stratégie.
Ce graphique présente les « drawdowns » de nos deux portefeuilles. On peut observer, par exemple, la période de la crise de la Covid-19 en 2020 ou les tensions inflationnistes de 2022. Comme la Bourse n'est pas un long fleuve tranquille, tous les portefeuilles ont subi un repli significatif. Cependant, les nôtres ont affiché une meilleure performance que notre indice de référence (le MASI) et ont ainsi mieux résisté à la panique initiale. Le fait de savoir que votre portefeuille est structurellement conçu pour mieux absorber ces chocs constitue un puissant anxiolytique.
2. Anticiper le pire : La Value at Risk (VaR) et l'Expected Shortfall (ES)
Ces deux indicateurs sont le tableau de bord de votre exposition au risque
La Value at Risk (VaR) répond à la question : "Dans des conditions de marché normales, quelle est la perte maximale que je peux m'attendre à subir sur un mois, avec 95% de confiance ?"
L'Expected Shortfall (ES) est encore plus important. Il répond à la question : "Si une catastrophe se produit (le scénario des 5% restants), quelle sera ma perte moyenne ?" C'est le véritable "crash-test" de votre portefeuille.
Ce graphique n'est pas un simple suivi de risque, c'est un véritable sismographe de la nervosité du marché, et il mérite toute votre attention.
Le constat de fond est simple : les lignes rouges (le benchmark) naviguent presque constamment au-dessus des lignes bleues et vertes (nos portefeuilles). Cela signifie que l'investisseur lambda, suivant simplement le marché, a systématiquement accepté un risque de perte extrême plus élevé. Le pic de 2020 le démontre parfaitement : lors d'une crise, tous les risques augmentent, mais les portefeuilles bien construits conservent un avantage sécuritaire crucial.
Mais l'enseignement le plus important est peut-être celui que nous livre la période récente. Depuis début 2025, nous observons une recrudescence spectaculaire du risque, au point que la VaR du marché a atteint des niveaux historiques, dépassant même le pic de la crise du Covid-19. C'est le signal clair d'un marché sous haute tension, où l'incertitude est palpable.
Plus inquiétant encore, l'écart entre la VaR 95% et l'Expected Shortfall 95% (le "spread de catastrophe") dépasse désormais les 4% sur une base mensuelle pour le benchmark.
Traduction en langage clair : non seulement le risque d'une forte baisse mensuelle a augmenté (VaR), mais le coût moyen si cette forte baisse se produit (ES) est encore plus dévastateur. C'est le signe d'un risque de "cygne noir" qui s'épaissit.


Partie 2 : Votre pire ennemi en bourse, c'est vous-même
Pourquoi passons-nous autant de temps à mesurer le risque ? Parce que le risque financier non maîtrisé déclenche notre plus grande faiblesse : le risque émotionnel.
Le cycle est tristement célèbre :
L'Euphorie : Le marché monte, les journaux en parlent. L'avidité et le FOMO vous poussent à acheter, souvent au plus haut.
La Panique : Le marché chute brutalement. La peur prend le dessus. Vous vendez pour "limiter les dégâts", souvent au plus bas.
Ce yo-yo émotionnel est la cause principale de la sous-performance des investisseurs particuliers. Le véritable but de la construction de portefeuille n'est pas seulement d'optimiser les chiffres, mais de vous empêcher de commettre des erreurs irréparables.


Comment votre portefeuille devient votre coach comportemental ?
Il vous prépare mentalement : En connaissant la VaR et l'ES de votre portefeuille, vous n'êtes plus surpris par les baisses. Vous savez qu'une perte de X% sur un mois est une possibilité statistique normale. Cette préparation mentale transforme la panique en patience
Ce graphique montre que les rendements négatifs extrêmes (à gauche) sont moins fréquents et moins sévères pour nos deux portefeuilles que pour le benchmark.
Il vous donne un plan de vol : L'un des plus grands avantages d'avoir un portefeuille stratégique est que cela vous donne un plan clair. Quand le chaos règne sur les marchés, vous n'avez pas à improviser. Votre stratégie est définie : maintenir vos allocations, rééquilibrer si nécessaire, et garder le cap. Le plan est votre bouclier contre les décisions impulsives.
Il est adapté à VOUS : La théorie de Markowitz ne propose pas un portefeuille unique, mais toute une "frontière" de possibilités. Un investisseur prudent choisira un portefeuille proche de la "Forteresse". Un investisseur plus audacieux optera pour le "Moteur Optimal". Le meilleur portefeuille du monde est inutile s'il n'est pas adapté à votre propre tolérance au risque. Le but est de construire un portefeuille dont les fluctuations ne vous empêcheront pas de dormir.
Conclusion : un bon portefeuille est celui que vous ne vendez jamais par panique !
Les 12 années de simulation sur le marché marocain nous ont enseigné une leçon fondamentale. Oui, la construction de portefeuille intelligente génère des rendements supérieurs. Mais son avantage le plus précieux est invisible : c'est un outil de gestion comportementale.
Il vous protège de la volatilité extrême, il vous prépare aux chocs inévitables et il vous donne la discipline nécessaire pour rester investi sur le long terme. Et c'est cette capacité à rester dans le jeu qui, au final, crée la richesse.
Alors, la prochaine fois que vous évaluerez une stratégie d'investissement, ne vous demandez pas seulement "Combien cela peut-il me rapporter ?", mais demandez-vous surtout : "Est-ce que cette stratégie va m'aider à rester serein et discipliné lorsque la prochaine tempête arrivera ?". La réponse à cette question est la véritable clé de votre succès financier.
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